mercredi 25 novembre 2009

Journée internationale contre les violences faites aux femmes


Comment faire pour réduire à néant ce fléau de la violence faites aux femmes? Comment réduire à zéro le chiffre honteux d'une femme qui meurt tous les deux jours et demi en France sous les coups d'un mari, conjoint, compagnon violent?

Le gouvernement Sarkozy a décidé que la Grande cause nationale de 2010 serait ce combat-là. Bien. Mais avec quels moyens? En partant de quels présupposés?
L'arsenal déployé me paraît dérisoire au regard de la réalité. Un téléphone d'urgence avec bouton rouge à presser trois secondes en attendant l'arrivée de la police. Une loi qui crée le délit de violence psychologique au sein du couple. L'expérimentation du bracelet électronique pour éloigner l'ex violent. Et?

Et voilà. On part du présupposé que la répression est le seul moyen de lutter contre ce fléau. C'est un moyen certes. Encore que prendre deux mois avec sursis et 3000 euros de dommages et intérêts n'est pas cher payé pour les blessures indélébiles subites. Tout homme violent doit être condamné, pour qu'il sache qu'il n'a pas le droit de frapper, pour que les autres sachent qu'il a été condamné. Pour aider la victime à surmonter ses peurs et sa culpabilité et entamer une vie nouvelle. Parce que la violence psychologique enferme de manière aussi mortelle une femme dans sa souffrance.

Mais. Aura-t-on supprimé le nombre insupportable de mortes? J'en doute.

J'aurais aimé que l'on aborde la question de la violence des hommes sur les femmes du point de vue de la victime et de l'auteur.
La victime. Elle a besoin de pouvoir dire non, dire stop. Pour cela il faut qu'elle surmonte des sentiments mêlés de honte (ça ne peut pas m'arriver à moi), de culpabilité (c'est de ma faute), de soumission (il est plus fort, écrase ça vaut mieux), de peur (qu'est-ce que je vais faire sans lui, qui m'aime, qui est le père de mes enfants...), de résignation (ça pourrait être pire).

Le bourreau. Doit connaître l'interdit, l'intégrer comme un tabou absolu. Accepter son statut d'égalité avec celle qu'il martyrise tout en disant l'aimer. Doit avoir peur de la répression. Du regard de la société.

Petite anecdote. Une famille recomposée en vacances quelque part en France. Elle deux enfants. Lui un. Ensemble un bébé. A court d'arguments - et pourtant il n'en manque pas - la gifle part. Violente. En plein visage. Elle tente de s'échapper. Attrape au passage un couteau de cuisine. Parvient à appeler la gendarmerie. Qui arrive deux heures après. L'officier : "Cette baffe Madame, vous ne l'avez pas un peu cherchée? Vous l'avez menacé d'un couteau quand même?". Les enfants dorment. C'est la nuit. "Vous nous suivez pour porter plainte ou pas?". La honte, la détresse, la vulnérabilité, l'amour... Et un mois plus tard, re-coups. Plus durs, plus graves, en présence des enfants réveillés, le bébé dans un bras, le poing levé à l'autre. 7 jours d'ITT. Plainte. Et la découverte au procès qu'au moins trois autres femmes ont subi par le passé des violences répétées, graves. Sans qu'aucune n'ait porté plainte.

La banalisation de la violence des hommes sur les femmes intervient dès la cour de récré : les garçons se battent, tapent les filles, et c'est normal. Ce sont des garçons. A l'adolescence, les filles sont des putes si elles couchent, des putes si elles ne couchent pas. Dans le monde du travail les femmes sont moins payées que les hommes. En politique, si une femme accède à un poste éligible c'est qu'elle a couché, non?

C'est toute l'éducation qu'il faut repenser. Le féminisme s'est arrêté aux portes de l'école. Vraiment. Mesdames et Messieurs les Ministres, mesdames et messieurs le députés et sénateurs, si vous voulez changer la société, faites-le réellement. Intégrez les questions sociétales aux programmes scolaires dès le primaire, valorisez la recherche sur le sexisme, faites de la place aux femmes dans vos rangs, faites appliquer la loi de l'égalité salariale, formez vos fonctionnaires de police, de gendarmerie et de l'éducation nationale à la prévention des risques de violences. Faites de la Télévision Publique un lieu exemplaire de cette lutte.

Ne soupoudrez pas : éduquez!
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