Extraits de mon intervention à l’Hôtel de Ville pour les représentants du Maire de Paris dans les conseils d’écoles publiques.
Pablo Picasso a dit : « Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant. ». Comment à Paris, ville des musées, de la musique, des arts de l’image, si riche de ses artistes, pourrait-on considérer notre action d’élus sans faire du développement de l’action culturelle et artistique envers les élèves une PRIORITE ? D’autant plus que les études récentes menées par l’observatoire des inégalités soulignent le creusement persistant et qui s’accroît des inégalités à l’accès au savoir et à la culture des enfants selon leur origine sociale.
Notre ambition est donc d’offrir à chaque petit parisien, quel que soit son quartier, quel que soit son parcours scolaire, une entrée dans le monde de l’art, de s’approprier le patrimoine et la richesse culturelle de leur ville.
Plusieurs projets de grande ampleur sont développés très concrètement en temps scolaire, mais aussi en temps périscolaire.
Les actions des professeurs de la ville de Paris
Pour les PVP musique leur action est davantage articulée avec les conservatoires municipaux et pour les PVP d’arts plastiques avec les musées municipaux. Les actions en partenariat avec le Théâtre du Châtelet et d’autres institutions musicales, telles que l’Orchestre de Paris, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Auditorium saint-Germain, le Conservatoire à rayonnement régional sont renforcées.
Les classes à Paris
S’agissant des classes à Paris, qui sont l’équivalent des classes de découverte où les élèves se transplantent en région pour y découvrir un environnement différent, dans le domaine artistique et culturel, le nombre de prestations proposées sur le temps scolaire en partenariat avec les musées municipaux a également été développé. Dès 2009-2010, 17 classes supplémentaires sont proposées aux enseignants, dont 14 classes correspondant à deux nouveaux projets avec le Petit Palais et le Musée de la Vie Romantique. Au total, 79 classes se déroulent en partenariat avec les musées municipaux. Une nouvelle collaboration est également mise en oeuvre avec le Pavillon de l’Arsenal.
L’action avec le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) de la Ville de Paris
Vous connaissez sûrement le FMAC : en entrant dans un bureau d’élu, une mairie, une cantine scolaire, vous voyez un tableau ou une sculpture poussiéreuse ou non, mise en valeur ou non, coincée entre des affiches et des papiers officiels…A force de passer devant on ne la voit plus, personne ne sait plus qui est l’artiste, ça décore les murs… ça cache même parfois la peinture. C’est le FMAC qui gère l’extraordinaire richesse de ce fonds. A la rentrée 2009, une action innovante de sensibilisation à l’art contemporain et à la création artistique actuelle a été développée en collaboration avec le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) de la Ville de Paris, qui associe les professeurs d’arts plastiques et les équipes des centres de loisirs.
Prenons un exemple concret. Ce matin, je me suis rendue dans une école du 20e arrondissement, une ZEP classée 5, autant dire une des zones les plus défavorisées de la capitale. Dans le cadre du partenariat avec le FMAC, des élèves de moyenne section de maternelle, 4 à 5 ans donc, ont travaillé autour de l’œuvre de la photographe contemporaine Sara Iris Schiller. A partir de l’installation de l’œuvre dans l’école, et avec l’aide des étudiants en médiation culturelle de l’université de Paris 8 (Saint-Denis), les enfants ont dessiné, moulé, travaillé la terre. Ils ont rencontré l’artiste, lui ont posé des questions. Une exposition au mois de juin en mairie d’arrondissement sera l’occasion de montrer leur travail à leurs parents, mais aussi à d’autres élèves, et aux habitants du 20e.
Autre exemple : ce sont les élèves de l’école élémentaire du 236 rue de Belleville qui participent à un flashmob, performance filmée et photographiée, autour de l’œuvre de Jean Bedez crée en 2007, intitulée Référendum. Cette œuvre insolite est installée dans le couloir de l’entrée de l’école : sont placés sous verre dans deux cadres plutôt vieillots des bulletins de vote qui encadrent un marteau brise-glace. Tout un symbole…
Enfin, autre exemple que je connais bien ;
Les collégiens de Robert Doisneau situé dans un quartier politique de la Ville travaillent à partir de l’œuvre d’Edouard Boyer, intitulée l’Epidémie. Il s’agit de 12 provès-verbaux originaux datant de 1968. A partir d’une réflexion sur le détournement des symboles liés à Mai 68 et aux mouvements de la culture pop, les collégiens réalisent des affichent qui seront collées sur les murs du collège.
Avec ces trois exemples, je voulais vous montrer que l’on peut désacraliser l’art et l’artiste, entrer dans une démarche de connaissance de l’art contemporain, et de création artistique. A chaque fois, la Ville a réuni différents partenaires à la réussite de cette ambition pour les élèves : les artistes, les PVP en arts plastiques, les étudiants en médiation culturelle de Paris 8, les institutions culturelles et la communauté éducative. Les familles sont associées au moment de la restitution du travail lors d’une exposition en dehors de l’école. D’une façon générale, la contribution essentielle de la ville de Paris sur le temps scolaire fait l’objet d’une communication auprès des familles qui ne perçoivent pas toujours la richesse et la diversité de celle-ci.
Les liens avec les bibliothèques municipales
De la même façon, au-delà du travail réalisé par la Direction des Affaires Scolaires pour faire évoluer les modes de fonctionnement des bibliothèques centres d’accueil, une action consistant à formaliser les liens existants entre les écoles et les bibliothèques municipales est menée.
• Dans le temps périscolaire, si important à Paris pour tous les enfants qui fréquentent les centres de loisirs le mercredi et souvent tout le temps des vacances :
Une action d’envergure visant à jumeler plus d’un tiers des centres de loisirs parisiens (120 sur 350) à 10 musées municipaux a débuté en octobre. Elle aboutira à une exposition des œuvres des enfants, ouverte au public, en deux temps, d’abord dans les musées associés puis au Petit Palais.
Il s’agit d’établir une relation privilégiée entre chaque musée et les enfants des centres qui réaliseront une production inspirée d’une œuvre existante du musée. Les travaux des centres de loisirs seront exposés dans un premier temps auprès de l’œuvre de référence dans le musée avec lequel les centres auront collaboré. Puis dans un second temps certains d’entre eux, qui seront sélectionnées par un comité d’exposition, seront exposés au musée du Petit Palais.
Pour résumer :
Notre ambition est de briser les représentations fausses, ouvrir les imaginaires : Mamadou du quartier Belleville doit avoir autant de chance de rencontrer Chopin et penser qu’il peut jouer du piano ou du violon, ou de croiser une artiste contemporaine comme Sara Iris Schiller que la petite Solène du 5e arrondissement.
Et puis pour la démarche éducative que la Ville de Paris soutient, je citerai
Benjamin Franklin :
« Tu me dis, j'oublie.
Tu m'enseignes, je me souviens.
Tu m'impliques, j'apprends »
jeudi 15 avril 2010
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