lundi 8 février 2010

Priorité à l'éducation : plus que jamais une urgence!


Paris, vingtième arrondissement. Le quartier où je suis élue, où mes enfants vont à l'école, où je milite, où j'ai travaillé dix ans.
Presque 200 000 habitants au dernier recensement. L'équivalent d'une grosse ville de province, de "région" pardon.

Soixante-dix sept écoles primaires, douze collèges, quatre lycées, publics.
Cent vingt nationalités qui se côtoient, vivent ensemble. La gauche ultra majoritaire aux élections à tel point que la droite n'est pas représentée au conseil d'arrondissement. Un vivier associatif et syndicale extrêmement riche et foisonnant. Sept conseils de quartier qui font vivre la démocratie locale et participative depuis quinze ans. Le berceau de RESF, la mémoire des fédérés de la Commune de Paris, le théâtre préféré des artistes de rue et d'écrivains talentueux.
De grands projets de renouvellement urbain, le tramway qui arrive, des constructions tous azimuts de logements, de crèches, d'équipement culturels et pour la jeunesse.

Voilà pour le portrait positif de la situation : une terre d'accueil, solidaire, révoltée, insurgée, militante, résistante.

Et pourtant de nombreux incidents isolés inquiètent. Mis bout à bout, leur fréquence et leur gravité font sens.

Exemples qui en disent long.

Ce jeune animateur de centre de loisirs de la Ville, qui cumule d'être arabe, homosexuel et habitant la cité voit son compagnon se faire massacrer par une bande de jeunes barbares parce qu'il a commis la "faute" de lui tenir la main un soir en rentrant dans l'immeuble.Bilan : un œil définitivement perdu, un nez cassé, un couple plus qu'éprouvé, et une peur quotidienne de subir les représailles du quartier pour avoir eu le courage de se constituer partie civile.

Un jeune handicapé (il lui manque l'usage d'un bras) se fait racketter à la sortie du collège. S'étant plaint à sa principale, il est attendu le lendemain pour se faire rouer de coups sur le chemin de retour à son domicile.

Deux lycéennes se tiennent par la main. Depuis le début de l'année l'une d'elles se plaint de subir des insultes homophobes. Ce jour-là trois de leurs charmants camarades les jettent à terre et les rouent de coups de pieds...

Tous les auteurs de ces actes sont mineurs, et la plupart scolarisés. Tous étaient déjà connus des services de police.

Tous ces actes graves ont un point commun : ils comportent un caractère discriminatoire. Les auteurs s'en sont pris à l'autre parce qu'il était différent, parce qu'il n'était pas dans leur norme, parce qu'il était plus faible.

Cela pose le problème certes de la sécurité aux abords et dans les établissements scolaires. Peut-être. Mais mettre des caméras et des grilles n'empêchera jamais ces actes. Au contraire, le discours sécuritaire servi par Sarko et ses sbires permet d'éluder la vraie question de fond : quels moyens donne-t-on à l'école publique dans ce pays pour mettre en place une réelle éducation contre le racisme, l'homophobie, le sexisme, les discriminations?

Quand est-ce qu'on paiera les professeurs à la hauteur de l'enjeu? Quand réformera-t-on les programmes du collège, et le collège tout court? Quels moyens donne-t-on à la jeunesse de nos quartiers pour construire des projets de vie qui ne les enferment pas dans la haine de l'autre?

Quand va-t-on décider que l'éducation est LA priorité??

La gauche quand elle dirige une collectivité territoriale met l'accent sur cette priorité, avec ses moyens limitées, sans l'aide de l'Etat.

Trois exemples pour faire taire les moqueurs.

La campagne conjointe de la Ligue de l'Enseignement et de la Ville de Paris intitulée "Rose, &, Shou" contre le sexisme au collège.

L'éducation contre les discriminations de la Ville de Paris toujours en partenariat avec SOS Racisme dans les classes de troisième.

La réforme de la sectorisation des collèges dans le 20e, en concertation avec les chefs d'établissement et les parents d'élèves, pour mettre fin au scandale de l'apartheid scolaire et pour introduire de la mixité sociale.

Oui l'action politique volontariste peut initier des changements de comportement.

Cela s'avère plus que nécessaire : c'est vital.
Espoir à gauche Espoir à gauche Paris 20eme Café pédagogique